JACK GUEZ / AFP
Le discours du président Volodymyr Zelensky hier, face à la Knesset réunie en visioconférence, n'en finit pas de déclencher de vives réactions dans l'ensemble de l'arc politique israélien. Dans une interview au journal Yediot Ahronot, Simcha Rothman, député du Parti Sioniste Religieux (Ha Tzionut HaDatit) qualifie le discours comme "étant au bord de la négation de la Shoah (..) Si le discours avait eu lieu [physiquement] à la Knesset, je me serais levé et je serais parti".
Zelensky a tout de même ponctué son allocution par une saignante contre-vérité : "il y a 70 ans, les Ukrainiens ont sauvé les Juifs. Vous savez dans votre cœur, ce qui vous reste à faire" en référence à une demande d'aide militaire financière et surtout de sortir de la neutralité affichée par le gouvernement de Naftali Bennett. Le collaborationnisme ukrainien et les massacres en Bessarabie restent pourtant inscrits entre les épisodes les plus cruels de l'histoire du nazisme, dépassant parfois les expectatives en matière d'assassinat massif, torture et pillage des nazis eux-mêmes. C'est là une corde extrêmement sensible au regard de la mémoire transgénérationnelle de la Shoah. Il est curieux que Zelensky ait osé un tel écart de langage. Sans doute les standing ovations auquel il s'est habitué, lui ont-elles fait perdre tout sens de la prudence et de la décence.
En réaction, la twittosphère s'est fendu de messages, tel celui de TobyStupp : "C'est dommage que les membres de la Knesset ne soient pas sortis du Zoom. Ça suffit de la négation de la Shoah. Peut-être une piste, c'est que nous pourrions appuyer le peuple ukrainien en envoyant de l'aide humanitaire à la frontière (ce que les Ukrainiens en général n'ont pas fait durant l'Holocauste, puisqu'ils coopéraient avec les nazis)."
D'autres messages étaient plus durs :
« Apparemment Zelensky n'est pas bien dans sa tête. Doppelganger [ndlr : double maudit d'une personne] et clochard. Il a oublié les pogroms de Lvov et Babi Yar. Des 1400 bourreaux de Babi Yar,1200 étaient ukrainiens. Ils ont brûlé tous les villages de Biélorussie. Les Polonais et les Ukrainiens faisaient la garde dans tous les camps de concentration de Pologne. Idiot ». D'autres encore faisaient appel à des références à la Torah.
" medinayehudit" : "Fils de la voleuse Babylone. Béni celui qui paye la récompense pour ta récompense. Voilà ce que criaient les Juifs assassinés en Ukraine, les femmes violées et les bébés de Beit Raban qui furent massacrés. Seulement parce qu'ils étaient juifs. Alors dégage Zelensky".
Toute l'allocution de Zelensky aura été ponctuée de constantes références à la montée du nazisme, en comparaison avec l'intervention russe dans son pays. Cette comparaison de deux faits sans aucun dénominateur commun était d'autant plus maladroite qu'il existe encore des survivants, voire des enfants de survivants pour savoir que les visages de la libération des camps étaient, n'en déplaise, les visages de l'Armée Rouge. Ceux des Kapo de plus sinistre mémoire, des Ukrainiens. Aujourd'hui encore, le seul mot "Ukraine", fait mal en Israël.